« Le Conseil des Wazasuku »

On peut d’ailleurs l’affirmer sans aucun risque d’être accusé de manquer de respect à l’égard des membres du Gouvernement burundais. Depuis le spectacle touchant qu’ils ont offert au César burundais à Cankuzo, leur titre professionnel correspond vraiment à l’étymologie du mot qui désigne leur fonction. Selon Wikipédia, le substantif masculin ou féminin ministre est un emprunt au latin minister, adjectif dérivé de minus qui signifie « serviteur ». Donc un « Musuku » en kirundi. Donc un « Agent de Service » du César burundais. « Ave Caesar, morituri te salutant. »

Pour autant, les gladiateurs-ministres burundais engagés dans la compétition pour séduire leur maître à Cankuzo ne craignaient, tout de même pas, d’avoir leurs têtes tranchées dans l’arène sur l’ordre du détenteur suprême du pouvoir burundais. Pour les Ministres, le pire châtiment aurait été de perdre leur job. Et pas leurs têtes !

Le César burundais, réserve aux seuls homosexuels burundais un autre châtiment d’une cruauté indicible. A savoir la lapidation dans les arènes publiques. Mais le sait-il ? Des Généraux et des Ministres burundais, proches de lui d’ailleurs, seraient, en tout bien tout honneur, homosexuels aussi. Et c’est leur droit ! Cette information calmera peut-être ou pas ses ardeurs meurtrières ! « Ave Caesar, morituri te salutant ! »

Inclinés profondément pour saluer le César burundais, les Ministres ont fourni une preuve irréfutable que le Gouvernement burundais ne constitue plus une institution respectable et indispensable pour assurer l’équilibre des pouvoirs dans un Etat de droit. Au contraire, le Gouvernement burundais s’est présenté à Cankuzo comme un club composé de serviteurs danseurs, soumis et redevables au seul « Maître des Horloges » dont le pouce pointé vers le bas pourrait mettre fin à leur carrière politique. Une image dévastatrice et dévalorisante pour leurs fonctions au service de l’État burundais.

Du reste, un simple claquement du doigt de Son Excellence la Première Dame du Burundi aurait suffi pour les destituer ou pour les promouvoir. Comme à l’Assemblée Générale des Nations Unies, elle était aux premières loges de l’arène de Cankuzo aux côtés de son mari. Elle n’a perdu aucune miette du spectacle d’hommage lige et de soumission des Ministres burundais.

Par analogie avec le vocable Wazalendo et grâce à une inspiration puisée dans la langue « nilotico-bantu » du Nord Kivu, on appellera désormais « Wazasuku » les Ministres-Serviteurs burundais qui se sont inclinés dans une révérence spontanée devant le couple présidentiel. Lequel couple mène le Burundi au doigt et à la baguette. Au Burundi donc, César Neva l’a décrété ! Dès ce jour, le mot Ministre sera remplacé par Wazasuku dans tous les articles de la Constitution du 07.06.2018. M. Jérôme Niyonzima, le Secrétaire Général de l’État, devra désormais apposer sa plus belle signature au pied des communiqués hebdomadaires du « Conseil des Wazasuku. »