Tensions au Burundi : La vérité sur les minerais vaut-elle une menace ?

Le Président Ndayishimiye s’en prend à Faustin Ndikumana, Président de Parcem, après des révélations sur le transfert illégal de minerais.
Le climat politique au Burundi connaît une nouvelle escalade après la récente sortie médiatique de Faustin Ndikumana, président de l’organisation de la société civile Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités (PARCEM). Ce dernier a tenu une conférence de presse retentissante, pointant du doigt le transfert illégal de minerais à l’étranger et son impact dévastateur sur l’économie nationale.

​Cette dénonciation, qui met en lumière des pratiques opaques favorisant l’enrichissement de quelques individus au détriment du peuple burundais, n’a manifestement pas été du goût du pouvoir de Gitega.

Un Courage Salué, une Opposition Visée

​"Nous tenons à adresser nos vives félicitations à Faustin Ndikumana qui ose briser le silence et dire une vérité que beaucoup, y compris d’autres acteurs de la société civile ou de l’opposition, n’osent pas aborder. La question des minerais vendus illégalement, impliquant potentiellement des intérêts proches du pouvoir, y compris ceux du Président Évariste Ndayishimiye, est un sujet éminemment sensible." Dixit un citoyen

​D’autres défenseurs ou soi-disant opposants ne peuvent pas parler à propos de minerais vendus illégalement. Celui qui osera deviendra un ennemi du pays. Certains sont déjà emprisonnés ou limogés pour avoir abordé ce sujet.

​Le silence assourdissant autour de ce scandale des minerais est révélateur du climat de peur. Celles et ceux qui tentent de faire la lumière sur la mauvaise gestion des ressources naturelles s’exposent à de graves représailles.

​La Riposte du Pouvoir : Une Stratégie de Stigmatisation

​Au lieu d’apporter un démenti circonstancié aux graves allégations de Faustin Ndikumana, ou de promettre une enquête transparente, le Président Évariste Ndayishimiye a choisi la voie de l’attaque personnelle.

​Lors d’une récente prise de parole, le Chef de l’État a ignoré le fond du problème – le transfert illégal des minerais – pour s’en prendre au messager. Le Président Ndayishimiye a publiquement rappelé à la population l’opposition de Faustin Ndikumana au troisième mandat en 2015, l’associant même aux "colonisateurs".

​Cette manœuvre est une tactique éprouvée :
​Détourner l’attention des faits de corruption et de malversation.
​Discréditer l’opposant en le renvoyant à un passé politique controversé pour le pouvoir.

Le désigner comme un « ennemi » de la nation.

​ Risque imminent pour Faustin Ndikumana
​Face à cette stratégie de la stigmatisation et de la mise au ban, l’inquiétude grandit.
​Si cela commence ainsi, Faustin Ndikumana risque d’être arrêté, tué ou enlevé. C’est malheureusement la stratégie habituelle du pouvoir de Gitega contre toute personne qui ose apporter la vérité aux Burundais.

​L’histoire récente du Burundi est jonchée d’exemples où des voix critiques et des défenseurs des droits humains ont été réduits au silence par la détention arbitraire, les disparitions forcées ou l’exil. En associant Ndikumana à des forces "colonisatrices" et en ignorant ses révélations sur la corruption, le Président Ndayishimiye trace une ligne rouge qui met l’activiste en grave danger.