Depuis son exposé sur les événements de 1972, l’ancien Président du Burundi Sylvestre Ntibantunganya a affirmé devant le SENAT qu’il s’agit d’un génocide commis contre les Hutus. Cette affirmation a suscité de vives réactions au sein de la classe politique burundaise. Charles Mukasi, un des politiciens en exil, trouve que plutôt c’était un plan des partisans du Parti des Travailleurs du Burundi UBU qui avaient organisé un génocide contre les Tutsis.

L’interrogation oratoire de Charles Mukasi sur les événements sanglant de 1972, montre sa position par rapport à la qualification de ces événements. « Peut-on parler de génocide des hutus ? A mon avis non » annonce ce politicien qui voit plutôt que ce sont des hutus, qui avaient organisé un génocide contre les tutsis.

Pour le dire ainsi, il se base sur les écrits qui appelaient les Hutus à massacrer sans distinction tous les Tutsis. Il ne fallait épargner ni les enfants, ni les vieillards, ni les femmes ni les filles, ni les hommes, ni les garçons, encore moins les femmes enceintes parce qu’il fallait les éventrer.

Selon Charles Mukasi, toutes ces révélations sont stipulées dans le livre intitulé : Burundi : De la Révolution au Régionalisme 1966-1976 de Marc Manirakiza en ses pages 120, 121 et 122. Ils sont durs, ils sont effrayants, les mots qui appellent les hutus à exterminer les tutsis. A la page 122, ledit ouvrage cite le mot d’ordre donné par des gens, partisans de l’idéologie du parti des travailleurs du Burundi UBU , qui travaillait en catimini à cette époque.

1. Debout tous comme un seul homme. Armez-vous de lances, de serpettes, de machettes, de flèches et de massues et tuez tout Tutsi où il se trouve.
2. Que tous nos partisans s’unissent pour exterminer jusqu’au dernier Tutsi qu’il soit militaire ou dirigeant.
3. Attaquez-vous aux ministres, aux gouverneurs, aux commissaires, aux administrateurs, aux conseillers, aux cadres du Parti uniquement tutsi. Massacrez-les avec leurs femmes et enfants, n’hésitez pas à éventer les femmes enceintes.
4. Rivalisons de courage, de discipline, d’agilité pour exterminer tout homme, toute femme et tout enfant de l’ethnie tutsie et que l’histoire n’en parle plus.
5. Pas d’emprisonnement, pas de jugement pour les tutsis. Tous, femmes et enfants dans la tombe !
Tout cela prouve la mobilisation des Hutus contre les Tutsi, toujours selon Charles Mukasi.

« Beaucoup de mensonges au cours de la session organisée par le Sénat ».

Après la session du Sénat dont l’objectif principal était de démontrer que les événements de 1972 est un génocide, certains politiciens ont réagi et n’ont cessé de taxer de mensongers les propos de Sylvestre Ntibantunganya. Charles Mukasi dit que cet Ancien Chef d’Etat a été emporté par des émotions. « Il n’y a pas eu de justice devant les tribunaux. Il ne faut pas être emporté par de vagues émotions. Un Ancien Président ne peut pas se permettre de traiter à la légère des questions de ce genre » indique-t-il.

Un autre élément sur lequel se base Mukasi, pour refuser la qualification de « Génocide » les événements, « c’est qu’il n’est jamais été question, dans les faits observés sur terrain d’une extermination totale ni systématique de toute personne hutue, femmes, enfants, vieillards et fœtus. En plus, tout crime de masse n’est pas nécessairement un génocide, et tout crime contre l’humanité n’est pas non plus un génocide ».