Sagwa : Un hymne unificateur

Ce 10 et 11 janvier s’est joué la pièce Sagwa par la troupe ’’Les enfoirés de Sanoladante’’. L’histoire parle d’un pays qui rêve de son indépendance et, en quête de celle-ci, il écrit son propre hymne de gloire.

« Un peuple ignorant son histoire, est comme un arbre sans racines ! », lance Sheilla Inangoma dans le rôle de Ma Rwaga. C’est le début d’un voyage d’à peu près trois quart d’heure à travers le temps, l’histoire.

Nous sommes aux premières heures de la nuit au siège du Festival Buja Sans Tabou, un décor des plus simples et une ambiance bon enfant. Les acteurs font leur entrée et s’installent sur une sorte de lit superposé en attendant les trois coups.

“Sagwa” vient du verbe “gusagwa” qui veut tout simplement dire ’’être comblé’’. Nous retrouvons le mot aux deux derniers vers de l’hymne national du Burundi. “Sagwa n’urweze. Sagwa n’amahoro meza” (Sois comblé de bonheur et de paix durable, NDLR).

L’histoire relate le destin d’un peuple ployant sous le joug de la colonisation et qui fait appel à un prêtre doté d’une verve exceptionnelle pour rédiger l’hymne de la future nation indépendante.

Celui-ci se trouve face à Ma Biro (Claudia Munyengabe), sceptique quant à la décolonisation. Une idée immature selon elle, “Ce n’est pas en brûlant les étapes que vous allez parvenir à nous libérer ! Au contraire !”. Mais il y a aussi Ma Rwaga, une optimiste, qui laisse parler son cœur et ose rêver d’un avenir radieux pour sa patrie. Elle dira “Loin de là ! Il s’agit de créer une société qui fait sens pour ceux qui l’habitent”.

Eventuellement, les trois parviennent à un consensus et l’hymne est composé.
Un langage d’amour pour unir
« Cette pièce », raconte Sheilla Inangoma, « je l’ai écrite avec Claudia Munyengabe, nous avons appris lors d’une formation, à construire un langage d’amour pour unir et prévenir les conflits . On entend partout des rumeurs et messages de craintes en rapport avec les élections. Il nous a été donc demandé d’impliquer dans nos communautés un projet comme aboutissement de ce qu’on a appris ».

D’après la co-auteure de la pièce, le but principal est d’apporter un message et souffler aux gens la sérénité pour l’année électorale que nous venons d’entamer. « Le théâtre réunit les gens de tous genres, de toutes provenances et c’est génial ! »
La prestation de la troupe trouve un public enthousiaste et qui ne tarit pas d’éloges. « Bravo à l’équipe. Ils ont présenté une pièce extraordinaire qui nous fait voyager dans la réalité de ce que nous vivons même aujourd’hui. D’un côté, le rêve d’où nous voulons aller, de l’autre la réalité qui est essentielle et qu’il faut oser bouger pour accéder à certaines chose », dira Nicole, une spectatrice.

Source Iwacu