EVARISTE NDAYISHIMIYE : « UN GRAND ECART ENTRE SES PAROLE ET LA REALITE »

Les défenseurs des droits de l’homme ne cessent de dire que les propos du Président burundais Evariste Ndayishimiye sont alléchants, mais, ils ne reflètent un changement quelconque de la situation surtout dans le respect des droits de la personne humaine. Tel est le constat de Carina Tersakian, Représentante de l’Initiative pour les Droits Humains au Burundi, lors d’un entretien avec la Radio Peace FM ce 30 Mars 2023.

« Le président Évariste Ndayishimiye s’est démarqué de son prédécesseur au niveau de ses discours et de sa rhétorique. Il a montré une volonté d’ouverture, mais à un niveau superficiel. Il a promis maintes fois de respecter la liberté d’expression, de mettre fin à l’impunité et de restaurer l’indépendance du système judiciaire. Ces promesses ont donné de l’espoir en 2020, mais depuis, on remarque malheureusement une continuité en matière de violations des droits humains et un grand écart entre ses paroles et la réalité » indique Carine .

L’Initiative pour les droits humains au Burundi avoue avoir documenté plusieurs cas d’assassinats politiques, de disparitions forcées et de torture d’opposants ou de présumés opposants depuis que le président Ndayishimiye est au pouvoir, surtout en 2020 et 2021. Mais, selon toujours l’IDHB, depuis 2022, « le nombre d’assassinats politiques et de disparitions forcées a diminué. Cependant, il y a toujours une forte intolérance politique de la part du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Les membres de sa ligue des jeunes, les Imbonerakure, continuent de menacer et d’intimider les membres du parti d’opposition le CNL, et en ont gravement blessé plusieurs ».

Des problèmes profonds persistent

Même si l’année 2022 a été marquée par une diminution du nombre d’assassinats et de disparitions forcées, les sévères restrictions de l’espace civique et politique, le manque d’indépendance du système judiciaire et l’impunité généralisée pour les auteurs de violations des droits humains restent d’actualité dans le pays. Carine Tersakian parle notamment de l’emprisonnement de l’avocat Tony Germain Nkina, qui a été par après libéré. Le cas de la journaliste Floriane reste aussi préoccupant.

« Il y a eu plusieurs cas flagrants de violations de la liberté d’expression et d’association. En particulier, l’ emprisonnement arbitraire de l’avocat Tony Germain Nkina, condamné à deux ans en 2020 et enfin acquitté en 2022. Plus récemment, le cas de la journaliste Floriane Irangabiye, arrêtée en août 2022 et condamnée à 10 ans d’emprisonnement ». L’IDHB, parle enfin de l’arrestation en février 2023 de deux représentantes de l’Association des femmes juristes au Burundi et de trois représentants de l’Association pour la paix et la promotion des droits de l’homme.

« Ces cas sont en contradiction directe avec tout ce que le Président a promis. Il est devenu difficile de croire à ses promesses tant que le gouvernement continue d’utiliser la justice comme outil de répression politique ». conclut Carina Tersakian.