Burundi Pacifique NININAHAZWE appelle à la reconnaissance des Droits de l’Homme au Burundi

Lors de l’émission Agahaze du FOCODE de ce jeudi 16 mai 2024, Pacifique NININAHAZWE et le Dr Jean Minani ont débattu, au micro du journaliste Gilbert NIYONKURU , de la récente rétrogradation de la CNIDH du Burundi. Ninahazwe a exprimé son souhait que les ressources autrefois allouées à la CNIDH soient désormais attribuées aux organisations de la société civile ou au rapporteur spécial de l’ONU enquêtant sur le Burundi.

Lors de cette émission, Gilbert NIYONKURU a soulevé une question intrigante : comment ceux qui demandent ces financements peuvent-ils être les mêmes que ceux accusés d’avoir envoyé des gens pour lancer des grenades ?

Une réponse ferme à des accusations contestées

NININAHAZWE a répondu : "Merci pour cette question. Lorsque j’ai entendu Pierre NKURIKIYE, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, de la Sécurité publique et du Développement communautaire, je ne dirais pas vraiment que j’ai été surpris ou attristé. En fait, la façon dont il a présenté les choses, les personnes qui écoutent attentivement peuvent comprendre qu’il a utilisé son langage habituel pour nous dénigrer, tout en confirmant indirectement l’importance de notre travail. Lorsqu’il parlait, il a montré six personnes, affirmant qu’elles étaient impliquées dans des attaques à la grenade. Parmi ces personnes, il a mentionné un certain Canesius NSABIMANA, disant que ce dernier avait hébergé quelqu’un accusé d’avoir lancé une grenade en avril sur un transformateur électrique. Il a ajouté que lorsqu’ils sont allés l’arrêter, le même Canesius NSABIMANA m’avait envoyé un message disant : ’Ils m’ont attrapé, aidez-moi’."

Un message introuvable

"Dans ce cas, je n’ai jamais reçu ce message. Encore aujourd’hui, je vérifie mon téléphone en me demandant s’il ne m’aurait pas échappé par hasard, étant donné que je reçois énormément de messages et qu’il m’est souvent difficile de tous les lire. J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé de message de quelqu’un nommé Canesius. Je ne sais pas si c’est vrai, car vous vous souvenez peut-être que lors du procès de Bunyoni, il a été révélé que les services de renseignement burundais fabriquaient parfois des messages qu’ils envoyaient aux téléphones des gens. Je ne sais pas si c’est ce qu’ils ont fait. Mais même si c’était le cas, si effectivement Canesius NSABIMANA, voyant qu’ils allaient l’arrêter, avait écrit ’ils m’ont attrapé, aidez-moi’, cela serait tout à fait compréhensible."

Une peur omniprésente au Burundi

NININAHAZWE a souligné la réalité actuelle au Burundi : "Lorsqu’une personne voit des policiers ou des agents des renseignements arriver chez elle, elle se dit : ’Je vais disparaître sans que personne ne sache où je suis allé’. Aucun de mes enfants ne saura où je suis allé, ma femme ne saura pas où je suis allé, mes parents, mes frères et sœurs ne sauront pas où je suis allé. C’est pourquoi, lorsqu’une personne est arrêtée, elle appelle à l’aide en disant : ’Informez Pacifique, je sais qu’il rendra cela public et que les gens sauront qui m’ont arrêté’. Si ceux qui m’ont arrêté savent que leur plan maléfique est déjà connu, il y’aura des chances que je sois sauvé , ils se contenteront peut-être de me présenter devant le tribunal. C’est ainsi que cela fonctionne."

Une confirmation du travail du FOCODE

"Je n’ai jamais entendu Pierre NKURIKIYE dire qu’ils ont trouvé des messages de Pacifique échangés avec Canesius concernant des grenades, jamais. Il n’a jamais dit que Canesius avait envoyé à Pacifique un message disant qu’ils lançaient des grenades, jamais. Il n’a jamais dit comment j’aurais répondu ou ce que je lui aurais dit à ce sujet. Pour moi, cela confirme le travail que fait FOCODE."

Le cas du Général BUNYONI

NININAHAZWE a également évoqué l’arrestation du Général Alain Guillaume BUNYONI : "Je rappelle à ceux qui nous écoutent qu’une personne qui était autrefois Premier ministre, le Général Alain Guillaume BUNYONI, qui a également été ministre de la Sécurité publique et qui supervisait Pierre NKURIKIYE, le jour de son arrestation, ce qui a probablement sauvé sa vie, c’est qu’une personne proche de lui m’a immédiatement informé qu’il avait été arrêté par les services de renseignement à Mubone. Souvenez-vous que ce matin-là, des rumeurs circulaient disant qu’il avait été vu en Zambie, d’autres en Tanzanie. Nous savons que ces rumeurs sont souvent le signe que la personne est sur le point d’être exécutée. Le fait que nous ayons été informés rapidement et que nous ayons rendu cela public a permis de sauver la vie du Général Alain Guillaume BUNYONI. Donc, si BUNYONI, qui me considérait autrefois comme l’ennemi numéro un du pays, a compris le jour de son arrestation que j’étais son seul espoir de survie, comment un citoyen ordinaire, qui a également été victime des abus de BUNYONI, ne ferait-il pas appel à nous ?"

Un appel à la conscience des dirigeants

"Je souhaite que personne n’ait à comprendre l’importance de notre travail après s’être trouvé dans une situation similaire. Je ne souhaite pas que Pierre NKURIKIYE prenne conscience de l’importance de FOCODE ou de Ndondeza uniquement s’il devait lui-même faire appel à nous en cas d’enlèvement. Ce serait regrettable. Je souhaite que les dirigeants du Burundi comprennent l’importance des défenseurs des droits de l’homme. Nous œuvrons pour le bien de tous, nous n’avons de haine envers personne, nous travaillons pour tous les êtres humains et nous souhaitons que leurs droits soient respectés."

Un message pertinent

En conclusion, NININAHAZWE a relayé un message du Dr Jean MINANI : "Il a dit que si quelqu’un envisage d’investir de l’argent au Burundi, il s’assied d’abord et va sur Internet pour se renseigner sur le pays. Après avoir vu qu’un pays ne peut même pas accueillir un envoyé de l’ONU pour les droits de l’homme, comment cette personne pourrait-elle envisager d’apporter ses fonds précieux dans ce pays ? C’est un message très important. Les droits de l’homme sont bénéfiques pour nous tous. Ils sont bénéfiques pour le Président NDAYISHIMIYE, pour le Premier ministre Gervais NDIRAKOBUCA, pour Pierre NKURIKIYE, pour le chef des renseignements, pour chaque citoyen ordinaire et pour chacun d’entre nous. Nous devons tous les respecter car un jour, chacun de nous pourrait se retrouver dans une situation où il aura besoin que ses droits soient respectés et qu’il y ait quelqu’un pour défendre ses droits.

Par Gordier Niyungeko

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