Burundi : Le Burundi serait-il au bord d’une nouvelle guerre ? Les signes inquiétants d’une militarisation accélérée sous couvert de secret
FocodeMagazine : Alors que le président Ndayishimiye intensifie les réunions à huis clos avec des officiers issus du CNDD-FDD et accélère le recrutement de milliers de soldats, les observateurs s’interrogent sur les intentions réelles du régime. Dans un contexte régional de plus en plus tendu, notamment en République Démocratique du Congo (RDC), les Accords d’Arusha, qui avaient permis de stabiliser le pays après la guerre civile, semblent désormais être mis de côté, même au sein des forces de défense et de sécurité. La militarisation rapide actuellement en cours au Burundi suscite de vives inquiétudes quant à un potentiel conflit à venir. Pacifique Nininahazwe, président de l’organisation FOCODE, a exprimé ses préoccupations dans un post publié le 17 septembre 2024 sur sa page Facebook.
Selon les informations relayées par Pacifique Nininahazwe, le président Ndayishimiye a récemment convoqué plusieurs généraux ayant combattu au sein du CNDD-FDD à une réunion secrète tenue à son domicile de Kibimba. Parmi les participants figurent les généraux Étienne Ntakarutimana et Gabriel Nizigama, autrefois en disgrâce. Cette rencontre discrète, qui s’est déroulée sur deux jours, a permis à ces officiers de tenter de résoudre des différends internes qui les divisaient depuis quelque temps. Cependant, ce qui interpelle le plus, c’est la coïncidence de cette réunion avec une vaste campagne de recrutement militaire. En effet, environ 5 000 nouveaux soldats sont actuellement en cours de formation dans six centres d’instruction à travers le pays. Une initiative sans précédent depuis la fin de la guerre civile au Burundi, souligne Pacifique Nininahazwe.
Une mobilisation militaire d’une ampleur inédite depuis 2001
Selon les informations relayées par Pacifique Nininahazwe, six centres d’instruction militaire sont actuellement actifs : deux au camp Mabanda (Makamba), deux au camp Mutukura (Cankuzo), un au camp Bururi et un autre au camp Mwaro. Chacun de ces centres accueille environ 800 recrues, ce qui représente un total de 5 000 nouveaux soldats en formation. Nininahazwe rappelle que la dernière fois que le Burundi a procédé à une mobilisation militaire d’une telle ampleur, c’était en 2001, en pleine guerre civile.
Ce recrutement express suscite des inquiétudes quant à la qualité de la formation des nouvelles recrues. Contrairement aux pratiques antérieures, seuls des hommes sont formés cette fois-ci, et les tests intellectuels, autrefois requis, ont été supprimés. « Les recrues sont simplement mises sur une piste de course, et quiconque parvient à terminer est automatiquement accepté », rapporte Pacifique Nininahazwe, citant des sources militaires. Il estime que cette démarche, visant manifestement à constituer une force militaire nombreuse dans un délai extrêmement court, pourrait cacher des préparatifs en vue d’un conflit d’envergure.
Un lien avec l’intervention militaire en RDC ?
Certaines sources, citées par Nininahazwe, estiment que cette militarisation rapide pourrait être liée à une volonté accrue d’intervenir en République Démocratique du Congo. Le président Ndayishimiye percevrait des bénéfices financiers énormes pour chaque soldat burundais envoyé en RDC dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Actuellement, 17 bataillons burundais sont déjà déployés en RDC, et un 18ème est en préparation. Selon Pacifique Nininahazwe, le président viserait à atteindre 20 000 soldats burundais en RDC, répartis sur 15 bataillons.
Cependant, cette montée en puissance des effectifs militaires coïncide avec des négociations de paix en cours entre la RDC et le Rwanda, dans le but de mettre fin aux conflits dans l’est congolais. Nininahazwe s’interroge sur cette contradiction : comment le Burundi peut-il renforcer sa présence militaire tout en soutenant des pourparlers de paix ? Il éstime que ces négociations pourraient n’être qu’une façade, derrière laquelle se prépare une guerre de plus grande ampleur.
De plus, des informations rapportées dernièrement par le journal SOS Média Burundi révèlent que des responsables burundais auraient récemment organisé des rencontres avec des groupes rebelles anti-rwandais, comme le FDLR et le FLN. Nininahazwe s’inquiète des implications possibles de ces réunions et craint que le Burundi, en collaboration avec ces groupes, ne prépare une offensive conjointe contre le Rwanda, ce qui pourrait gravement déstabiliser la région.
Les Accords d’Arusha menacés ?
Outre la montée des tensions régionales, Pacifique Nininahazwe pointe du doigt le non-respect des Accords d’Arusha dans ce processus de militarisation. Ces accords, signés après la guerre civile, avaient instauré des quotas pour garantir une représentation équilibrée des ethnies au sein de l’armée burundaise, afin de prévenir les conflits ethniques. Or, les 5 000 recrues en cours de formation ne respecteraient pas cette représentation, avertit-il.
Cette marginalisation d’une partie de la population au sein de l’armée pourrait raviver les tensions ethniques, redoutées depuis la signature des Accords d’Arusha. Nininahazwe rappelle que l’histoire du Burundi a déjà montré les dangers d’une armée dominée par une seule ethnie, et craint que ce déséquilibre ne fasse replonger le pays dans un cycle de violence.
Un appel à la transparence
Face à ces événements troublants, Pacifique Nininahazwe appelle le président Ndayishimiye à clarifier la situation. Il exhorte le chef de l’État à expliquer au peuple burundais les raisons de ce recrutement massif de 5 000 soldats, réalisé dans des conditions qui rappellent celles des périodes de guerre, et à justifier pourquoi les Accords d’Arusha ne sont pas respectés.
Si aucune explication n’est donnée rapidement, avertit Nininahazwe, les tensions risquent de s’aggraver au sein des forces armées, menaçant ainsi la stabilité du pays. Il conclut en mettant en garde contre les conséquences d’un tel silence, qui pourrait entraîner le Burundi dans une nouvelle spirale de violence et d’incertitude.
FocodeMagazine
Gordien Niyungeko
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