TENSION AU SUD-KIVU : BERTRAND BISIMWA (AFC/M23) LANCE UN ULTIMATUM À L’ARMÉE BURUNDAISE
Un nouveau point de friction majeur émerge sur les hauts plateaux de Minembwe, dans le Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et président du M23, a délivré un message cinglant à l’armée burundaise, l’accusant de "bloquer" la région et d’ordonner l’expulsion des Banyamulenge, avec une menace claire : « TUTAWAONDOSHA ! » (Nous les enlèverons !).
Dans une déclaration relayée en kiswahili, Bertrand Bisimwa a dressé un tableau alarmant de la situation humanitaire à Minembwe. Il affirme que l’accès à la localité est totalement coupé par une coalition qu’il désigne comme étant l’armée burundaise (présente dans le cadre de la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est - EACRF, ou bilatéralement), les FARDC (Forces armées de la RDC), les génocidaires rwandais des FDLR, et la milice Wazalendo. « Il n’est plus possible d’entrer ni de sortir. On ne peut même plus se procurer des médicaments, ni du sel, ni du savon… », a-t-il déploré.
Un ordre d’expulsion qui rappelle 1996
L’indignation de Bertrand Bisimwa est montée d’un cran face à ce qu’il qualifie d’« audace » de l’armée burundaise, qui aurait « ordonné au peuple banyamulenge de quitter le sol congolais ».
Cet ordre a fait écho à un épisode sombre de l’histoire du Zaïre (aujourd’hui RDC). M. Bisimwa a rappelé l’ultimatum lancé le 7 octobre 1996 par Lwabanji Lwasi, alors vice-gouverneur, sommant les Banyamulenge de partir en six jours. Un acte qui fut, selon lui, le point de départ de la révolte et de la « libération » du pays. « Les personnes qui ne connaissent pas l’histoire de notre pays continuent de poser les mêmes actes sans en connaître les conséquences. Personne n’acceptera aujourd’hui de se faire chasser de sa terre », a-t-il averti.
Message aux Burundais et à Ndayishimiye
Le dirigeant de l’AFC/M23 a exprimé sa stupéfaction que ce soit une armée étrangère qui demande aux Congolais de quitter leur propre terre. Il a tenu à distinguer le peuple burundais, considéré comme un « frère », de l’armée burundaise.
« Nous lançons un message aux Burundais – à l’armée burundaise – : quittez chez nous », a-t-il martelé, dénonçant une « attitude d’ingérence, de discrimination et de stigmatisation [qui] est inacceptable ».
En qualité d’« africaniste », M. Bisimwa s’est également attaqué directement au président burundais, Évariste Ndayishimiye, l’accusant d’une politique qui « oppose Burundais et Congolais et s’ingère dans la politique congolaise », une démarche qui pourrait lui « créer des problèmes dans le futur ».
La menace finale est sans équivoque : « Nous exigeons que l’armée burundaise, qui a pris position sur les collines de Minembe, quitte. Si elle ne le fait pas de son plein gré, nous l’en chasserons, TUTAWAONDOSHA ! »
Bertrand Bisimwa a conclu en insistant sur la nécessité de « laisser les Banyamulenge vivre en paix sur leurs terres », menaçant également de la même sanction le président congolais Félix Tshisekedi s’il « s’obstine dans la même politique ».
Cette déclaration fait monter la pression dans une région déjà extrêmement volatile et soulève des questions sur le rôle des forces régionales et bilatérales dans l’est de la RDC.







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