Sud-Kivu : Les forces armées burundaises accusées de violences ciblées contre les banyamulenge, la hantise d’un blocus humanitaire
La présence accrue des Forces Armées Burundaises (FAB) dans les hauts et moyens plateaux du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC), soulève une vague d’inquiétude grandissante, notamment au sein de la communauté banyamulenge.
Initialement justifié par une coopération bilatérale visant à éradiquer les groupes armés, le déploiement des troupes burundaises fait désormais l’objet d’accusations graves de violences ciblées contre les civils.
Selon de multiples témoignages et rapports, les FAB opèreraient en coalition avec des milices locales, notamment les groupes "Wazalendo" et les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), visant spécifiquement les populations banyamulenge.
Stratégie d’Encerclement et Blocus de Fait
La tactique la plus alarmante employée serait l’instauration d’un encerclement systématique des villages banyamulenge. Cette stratégie aurait pour conséquence d’interdire de facto la circulation des habitants vers leurs champs ou les marchés, paralysant ainsi leurs moyens de subsistance.
"Cette situation crée un blocus humanitaire de fait, privant les Banyamulenge de leurs moyens de subsistance et les exposant à la famine, aux maladies et à la dépendance," dénoncent des sources locales.
Cette manœuvre rappelle douloureusement les tactiques de "concentration" utilisées par les milices Maï-Maï dans les années précédentes, qui s’étaient soldées par des massacres, l’incendie de villages et le pillage du bétail, ressource vitale pour cette communauté d’éleveurs.
Schéma Opérationnel Inquiétant et Alliances Hybrides
Les accusations portées contre les FAB au Sud-Kivu présentent une similarité troublante avec celles déjà observées au Nord-Kivu, où ces mêmes forces auraient été impliquées dans des attaques contre les populations Tutsies congolaises.
L’incendie du village de Nturo est cité comme un exemple marquant de ce modus operandi.Les similitudes – incendies ciblés, attaques coordonnées avec des groupes armés locaux (Wazalendo, FDLR) et déplacements forcés – suggèrent, au minimum, une tolérance complice des FAB face à ces exactions, voire une continuité d’objectifs dans la région.
Au Sud-Kivu, les FAB s’inscrivent dans une "logique de convergence tactique" avec certains groupes armés Maï-Maï et Wazalendo. Bien que ces alliances soient souvent justifiées par la lutte contre la "rébellion de l’AFC/M23/TWIRWANEHO," leurs conséquences réelles sont la légitimation de violences à caractère ethnique dirigées contre les Banyamulenge, souvent assimilés à tort à des ennemis extérieurs.
Cette coopération hybride entre une armée nationale officiellement déployée et des milices locales, y compris les FDLR (considérées comme un groupe armé négatif), renforce les capacités de nuisance et aggrave la polarisation communautaire déjà volatile dans l’Est de la RDC.
La communauté internationale est appelée à enquêter de manière urgente sur ces allégations pour prévenir une escalade des violences et une crise humanitaire majeure dans les hauts et moyens plateaux du Sud-Kivu. Ni Kinshasa ni Bujumbura n’ont pour l’instant commenté ces nouvelles et graves accusations.







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