RDC:Un journaliste emprisonné après des critiques visant une gouverneure de province

Arrêté le 20 octobre dernier par l’Agence nationale des Renseignements (ANR), Blaise Mabala est en prison depuis maintenant deux semaines. Plusieurs auditeurs, dont le vice-gouverneur provincial, avaient critiqué la politique de la gouverneure en place dans une émission animée par le journaliste de la radio Même Morale FM, deux jours plus tôt. Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate.

Blaise Mabala entame sa troisième semaine en prison. Le journaliste de la radio privée et communautaire Même Morale FM, émettant à Inongo au nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), a été emprisonné après son arrestation survenue le 20 octobre dernier par un agent de l’ANR en civil.

Le journaliste a d’abord été placé au cachot du camp militaire de la ville, sans qu’aucun motif ne soit avancé, selon les informations recueillies par RSF. Ce n’est que trois jours plus tard qu’il a été présenté à la Haute cour de justice de la ville. Celui qui est également correspondant du site web Okapinews est alors inculpé pour outrage à l’autorité et risque jusqu’à neuf mois de prison. Blaise Mabala est transféré le 27 octobre à la prison centrale d’Inongo. La date de son audience n’a pas encore été fixée.

Ce que l’on reproche à Blaise Mabala ? Des propos tenus par ses invités lors d’une émission en libre antenne qu’il animait le 18 octobre, au cours de laquelle plusieurs auditeurs ont critiqué la politique menée par Rita Bola, gouverneure de cette province. Jack Bombaka, propriétaire de la radio et vice-gouverneur du Maï-Ndombe, est également intervenu de façon anonyme, d’après les informations de RSF. Il a dénoncé l’incompétence de Rita Bola et sa prétendue implication dans le détournement de fonds publics. Autre grief à l’encontre de Blaise Mabala : la diffusion d’une chanson la critiquant.

La plainte contre Blaise Mabala a été formulée par un partisan de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) - le parti de Rita Bola et du président Félix Tshisekedi - Elle n’a été déposée que le 21 octobre, soit un jour après l’arrestation effectuée par l’ANR. L’agence a donc agi avant que la justice ne se saisisse du dossier.

"Des critiques et allégations émises par des auditeurs ne doivent pas mener à l’arrestation et à la détention d’un journaliste. L’emprisonnement de Blaise Mabala est abusif. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités d’abandonner les charges et de le libérer immédiatement."
Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

L’arrestation de Blaise Mabala s’inscrit dans un contexte inquiétant pour le droit à l’information dans le pays, relaté dans le rapport de l’association partenaire de RSF, Journalistes en Danger (JED), publié ce 1er novembre. A quelques semaines des prochaines élections générales, RSF invite les candidats à l’élection présidentielle à prendre dix engagements pour la liberté de la presse, en affirmant notamment leur soutien à la demande d’abandon des charges contre le journaliste Stanis Bujakera, dont le procès doit se dérouler le 17 novembre prochain.

La République démocratique du Congo occupe la 124e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières