Visite ministérielle Belge au Burundi : Entre espoir de rapprochement et préoccupations persistantes.

La deuxième étape de la mini-tournée régionale a conduit un ministre belge à Bujumbura pour une visite officielle, une première en plus de dix ans. Cette rencontre a permis des échanges qualifiés de "francs et constructifs" entre le ministre belge, le Président burundais Evariste Ndayishimiye, et son homologue burundais des Affaires étrangères.

Les discussions ont mis en lumière l’importance du partenariat bilatéral, avec une emphase particulière sur le nouveau programme de coopération lancé récemment. Ce programme se concrétise déjà sur le terrain par un soutien dans des secteurs clés tels que l’agriculture, la santé, l’éducation et la formation professionnelle, générant des résultats tangibles comme la création de milliers d’emplois.

Au-delà de la coopération bilatérale, les discussions ont abordé la situation régionale et l’engagement commun pour la paix, réaffirmant l’attachement des deux nations au respect de l’intégrité territoriale de chaque pays. Le ministre belge a également annoncé de nouvelles initiatives visant à renforcer les liens, notamment la formation de jeunes diplomates burundais dès cette année et un accompagnement du Burundi dans sa préparation à la présidence de l’Union africaine. Cette visite est perçue comme un pas vers le renforcement des relations, dans un esprit d’amitié, de franchise et de respect mutuel.

Cependant, cette perspective optimiste n’est pas partagée par tous. Armel Niyongere, défenseur des droits humains et président de l’ACAT Burundi, a exprimé une vive critique à l’égard de cette visite et des messages de soutien. Sur les réseaux sociaux, il a qualifié cette démarche d’incompréhension profonde de la réalité".

Me Niyongere a souligné que le Burundi reste sous enquête de la Cour Pénale Internationale (CPI) pour des crimes contre l’humanité et a dénoncé la répression brutale qui sévirait dans le pays depuis 2015, marquée par des assassinats, des disparitions et des tortures. Il a également accusé le régime de soutenir les milices Imbonerakure (CNDD-FDD youth) et les FDLR, les impliquant dans de graves crimes.

Dans son message, il a interpellé directement le ministre belge, questionnant la logique de soutenir un régime sous enquête de la CPI. Il a insisté sur le fait que les défenseurs burundais ne peuvent rester silencieux face à cette situation et a appelé à la justice pour les victimes.

Ainsi, si la visite ministérielle belge marque une volonté de normalisation et de renforcement des liens avec le Burundi, elle intervient dans un contexte de préoccupations sérieuses et persistantes concernant la situation des droits humains dans le pays, soulevées par des acteurs de la société civile burundaise. Ces critiques rappellent la complexité de la situation et la nécessité d’une approche nuancée dans le rétablissement des relations bilatérales.