Trois extraits prouvent que M. Albert Shingiro a complètement perdu son sang froid et a jeté aux orties les règles de la retenue.

Même quand un interlocuteur agace prodigieusement et profère des propos accusatoires, le diplomate doit savoir tenir sa langue et s’interdire d’être emporté par la hargne et la colère dans ses propos.

Première salve pour ouvrir le feu

« Dire que le Burundi héberge des FDLR sur son territoire est une stratégie machiavélique qui cache mal la réalité plutôt contraire car le Rwanda héberge le cerveau des putschistes de 2015 aux commandes du groupe terroriste Red Tabara. »

Ce premier coup de canon donne le niveau sonore des « Orgues de Staline » déchaînés

Deuxième salve d’un feu encore plus nourri !

« En effet, le Gouvernement du Burundi a toujours exprimé sa consternation face au comportement déplorable du Rwanda qui entretient, entraîne et arme le groupe terroriste Red Tabara qui ne cesse d’endeuiller le Burundi par des attaques terroristes ciblant des populations innocentes majoritairement femmes et enfants, notamment dans les localités de Kabarore, Ruhagarika, Gatumba, et plus récemment à Buringa le 25 février 2024, ainsi que les jets de grenades dans les lieux publics comme les marchés et les transports en commun.  » Ouf…ouf...ouf

Il faut juste espérer que M.Moussa Faki Mahamat a suffisamment de souffle pour lire une phrase de six lignes d’affilée. Car la tirade manque cruellement de points de ponctuation indispensables pour marquer des pauses et permettre la compréhension des accusations gravissimes contre le Rwanda formulées par M. Albert Shingiro au nom du Gouvernement du Burundi.

Troisième salve : le coup de grâce

« Le Gouvernement du Burundi réaffirme son ferme attachement aux principes de non-ingérence et réfute une fois de plus les allégation fallacieuses et non fondées malignement perpétrées par le Gouvernement du Rwanda à propos d’une quelconque intention du Burundi à changer le régime rwandais, propos clairement démenties dans le communiqué du Gouvernement burundais du 23 janvier 2024 annexé à la présente. »

Il est surprenant que le Ministre Albert Shingiro ne se soit pas rendu compte que ses services lui ont préparé une lettre désastreuse et peu convaincante. Car elle accumule, dans sa formulation, plusieurs lourdeurs, des contrevérités sur les faits relatés et même des fautes d’accord grammatical. Exemple ! Dans la tirade précédente, la lettre évoque « des allégations fallacieuses et non fondées malignement perpétrées » ….et des « propos clairement démenties »

Certes tout le monde peut commettre des erreurs. Et le français n’est certainement pas la langue maternelle du Ministre Albert Shingiro. Cependant, il est déplorable qu’un Ministère de souveraineté du Burundi ait envoyé une telle correspondance à l’Union Africaine. Car elle ne manquera pas d’y provoquer une ironie moqueuse.

L’anglais ne constitue pas non plus la langue maternelle de M. Vincent Biruta, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale du Rwanda. Et pourtant, après une lecture comparée de sa lettre concernant le contentieux entre le Rwanda et le Burundi envoyée le 03.03.2024 au même M. Moussa Faki Mahamat et celle du Ministre Albert Shingiro, le verdict est sans appel. Et sans vouloir être ni sarcastique, ni désobligeant, ni cruel, un constat s’impose néanmoins. La correspondance du Gouvernement burundais fait honte

Mais plus grave, le Ministre Albert Shingiro aurait pu préserver sa crédibilité en s’abstenant de croire que M. Moussa Faki Mahamat ne connaît pas les propos exacts prononcés par le Général Neva devant un parterre de jeunes congolais à Kinshasa.

Ces derniers avaient été recrutés massivement pour remplir une salle de conférence, applaudir le Président Neva et, après son allocution irréfléchie comme à l’accoutumée, se bagarrer comme des affamés désespérés afin de récupérer les per diem promis. Maigre récompense pour leur besogne de figurants dans une pièce de théâtre de mauvais goût. La bagarre pour leur maigre solde constituait une scène à la fois risible et lamentable

Contrairement à l’affirmation du Ministre Albert Shingiro dans sa lettre envoyée au Président de la Commission de l’Union Africaine, le Général Neva a bel et bien déclaré, en tant que Président de l’Organisation Panafricaine de la Jeunesse d’ailleurs, qu’il allait mobiliser les jeunes rwandais afin que ceux-ci renversent le Président Paul Kagame.

Ce sont des propos sidérants qui ont fait le tour de la planète via les médias et les réseaux sociaux. Impossible donc de cacher l’incendie d’abord avec une épaisse fumée d’un communiqué publié le 23.01.2024 par M. Jérôme Niyonzima, le Secrétaire Général de l’État. Celui-ci expliquait de façon alambiqué et peu crédible déjà que le Général Neva n’avait jamais voulu dire ce qu’il avait déclaré. Pathétique